Bonjour à toutes et tous,
Vous ne rêvez pas, ma présence ici ne sera pas un conte, mais bel et bien un cauchemar, car ma vue basse ne m'empêchera nullement d'être affabulateur.
Comme affable et fabulateur bien sûr...
Joli endroit que cet arbre.
Faut-il pour autant croire l'administratrice qui prétend nous faire prendre sa vessie pour une lanterne ou, en d'autres termes, ses longs thermes pour un bain de Provence ?
J'attire votre attention sur la prudence dont il convient de faire preuve ici, car en réalité, vous n'êtes pas sans savoir que cette menteuse est amoureuse !
Aussi, si je ne me fais pas jeter au cachot avant même d'avoir pu franchir le seuil de ce lieu, vous abreuverai-je occasionnellement, sans abus, de mes chroniques historico-philosophico-cocorico-érotico-gourmandico-humoristiques.
Seraient-ce prémices du printemps, montées irrésistibles de sève, redressement de ces ceps affaiblis d'avoir tant donné de nectar à ces bouches assoiffées, raffermissement des bourgeons qui auraient orienté ma promenade exploratoire entre vos monts, vallons et failles, Mesdames, jusque sous cet arbre ?
Vue du dessous, aucune feuille, même de vigne, ne cache rien.
Faudrait-il d'ailleurs cacher ce plaisir d'y jouir d'une vue imprenable ?
Pas forcément imprenable d'ailleurs à condition de respecter quelques règles basiques.
Faut-il défendre l'accès à ce fruit s'il est bien mûr ?
Le fruit n'est-il en réalité défendu que s'il est vénéneux ?
C'est pour s'en assurer, qu'il ne l'est pas, que nous procéderons comme suit :
Prendre en mains fermes quelques jolis melons, en palper la consistance, en pétrir la chair pour en évaluer la maturité, en humer le parfum, vouloir déguster une fois otée la couche protectrice une tranche de l'ananas, goûter de ses lèvres assoiffées aux pommes rotondes et aux poires juteuses, étreindre de sa langue la peau douce d'une fraise pour en extraire le nectar, en un mot consommer de la pêche est-il pécher ?
Quel lieu étrange où nous autres, pauvres mâles, allons être administrées par deux créatures qui se le disputent dans la création du désir ?
Que va-t-il nous être administré ?
Un traitement de peste icide ?
Certainement pas, car ces créatures ne font pas de l'amor pion de leur propres turpitudes.
Une fessée ? Leur goût des fruits généreux pourrait bien apporter du crédit à cette thèse.
Une potion ? L'élixir d'amour est leur pain quotidien, saurons-nous y résister et le voudrons nous ? Rien n'est moins sûr.
Peut-on mettre cet endroit entre toutes les mains ?
Certes pas un endroit où amener une clémentine, surtout glacée.
Est-ce lieu où parler avec les mains ?
Comment faire autrement ?
N'est-ce pas l'arbre qui fait palabre ?
Est-il besoin de parler pour savourer ?
La première créature, de son pseudo Anne, s'est habillée d'un avatar digne d'une Brigitte, barde d'eau de tous ces hommes aux lèvres asséchées de désir de fruits juteux.
Quel autre désir peut-on avoir que de l'éplucher ?
L'autre, d'un original pseudo, une certaine Contisa, nous offre un échantillon bien moulé, voire roulé tout à fait affriolant.
Pourquoi se limiter à un échantillon ?
Saurons-nous enfin avec elle si jeux de mains est jeu de vilains ?
Ici que de la belle tendre, voluptueuse, savoureuse.
Pas de risque donc que nous soyons obligés de faire fi de garces.
Infiniment bucolique, ce lieu de conte et fleurette sans nul doute saura nous retenir et maintenir éveillée notre attention si, toutefois, les traitements administrés ne sont pas pires que le mâle.
Que ce figuier s'étende tel l'olivier qui étale ses racines.